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Google, le grand méchant loup dans la bibliothèque ?
La mise à disposition par Google de millions de livres – dont une majorité de titres épuisés – sous forme électronique représente-t-elle une chance pour l’accès à la connaissance, ou crée-t-elle une dangereuse situation de monopole, de surcroît peu avantageuse pour les auteurs ? Le débat rebondit aux Etats-Unis, rapporte l’International Herald Tribune (« Lawyer and Author Adds His Objections to Settling the Google Book Lawsuit », 19 août 2009). A l’automne 2008, le géant de l’Internet avait trouvé un arrangement avec les auteurs et les éditeurs, qui l’avaient d’abord poursuivi en justice pour avoir commencé son œuvre de numérisation sans les consulter. Mais aujourd’hui, au moment où cet accord doit être examiné par la justice, certains ayants droit le remettent en question.
En même temps, on apprend que la Bibliothèque nationale de France (BNF), dont le précédent directeur, Jean-Noël Jeanneney, refusant de confier le patrimoine littéraire français à une multinationale américaine, s’était opposé avec force aux projets de Google, discute actuellement la possibilité de lui confier en partie la numérisation de ses œuvres. Elle y serait poussée par des considérations financières, le budget alloué au projet Gallica étant largement insuffisant.
En mars dernier, Robert Darnton, historien et directeur de la bibliothèque de Harvard, examinait dans nos colonnes les différents aspects de l’affaire Google (« La bibliothèque universelle, de Voltaire à Google »). Dans Le Monde diplomatique de septembre (en kiosques le 2 septembre), un article de Cédric Biagini et Guillaume Carnino, auteurs et éditeurs (L’Echappée), interroge le modèle de société que promet le livre électronique, et défend la spécificité du livre papier.
Le Monde Diplomatique
http://lgvsite.canalblog.com/archives/2009/08/23/14806349.html
Lire les commentaires textes
[Data Liberation] Bienvenue dans le front de libération des données Google
Cet Article est la traduction d'une annonce officielle publiée par Google.
Source : http://dataliberation.blogspot.com/2009/09/welcome -to-data-liberation-front.html
Je me rappelle la première fois que j'ai entendu le PDG de Google, Eric Schmidt, PDG en 2004. Il avait conclu son discour aux employés en indiquant clairement que Google ne souhaitait pas verrouiller ses utilisateurs. Il avait souligné que nous ne voulions pas que les gens utilisent nos produits uniquement parce qu'ils ne peuvent récupérer leurs données pour les utiliser chez un service concurrent.
C'est avec tout ceci en tête que j'ai lancé il y a deux ans de ça dans nos bureaux de Chicago le projet - Front de Libération des données Google - (Google's Data Liberation Front). Nous sommes une petite équipe d'ingénieurs de Google, qui vise à rendre plus facile pour nos utilisateurs de transférer leurs données personnelle dans et en-dehors des services de Google, en renforçant les fonctions d'import / export. Je voulais m'assurer que les utilisateurs (moi y compris, en tant qu'utilisateur de produits Google!) aient toujours le choix
Par exemple, supposons que vous souhaitiez passer de Yahoo! Mail à Gmail. Voici ce que vous pouvez faire pour importer vos données:
"Livre numérique : le ton monte entre Google, Amazon et les auteurs
américains" (Actu)
* Date de publication : 05/09/2009
* Auteur : Le Monde avec AFP
* Domaines : Propriétés intellectuelles - Droit d'auteur, copyright
* Source : www.lemonde.fr
* Adresse :
http://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/ 09/04/livre-numerique-le-ton-monte-entre-google-am azon-et-les-auteurs-americains_1236044_651865.htm
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"Les éditeurs français et italiens se soulèvent à nouveau contre Google
Livre" (Actu)
* Date de publication : 05/09/2009
* Auteur : Olivier Chicheportiche
* Domaines : Propriétés intellectuelles - Droit d'auteur, copyright
* Source : www.zdnet.fr
* Adresse : http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774 ,39705852,00.htm
Le SNE s'insurge contre l'accord entre Google Books et les éditeurs américains
Le Syndicat National de l'Edition française (SNE) souhaite que l'accord conclu entre Google Books et les éditeurs américains en 2008 ne soit pas validé car il bafouerait le droit de la propriété littéraire.
* Actualité. Publié sur IT Réseaux et Telecom par Anne Confolant
* le 4 septembre 2009 à 10:59
* Soyez le premier à réagir
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Les professionnels de l'édition française sont remontés contre Google Books. Le Syndicat National de l'Edition (SNE) renouvelle sa ferme opposition à l'accord trouvé en octobre 2008 entre le service de numérisation de Google et les organisations américaines représentant les ayants droit dans le secteur de l'édition, à savoir l'Authors Guild et l'Association of American Publishers (AAP).
Cet accord, conclu après deux ans de conflits, prévoit que Google Books doit verser 125 millions de dollars aux deux organisations, instaurer un registre permettant aux professionnels de l'édition de gérer les copyrights en cas d'exploitation sur son moteur de recherche de livres et partager les revenus tirés de la consultation en ligne des ouvrages via Google Book Search.
Seulement, le ministère américain de la justice (DoJ - Department of Justice) a décidé d'ouvrir une enquête en juillet dernier concernant ce deal. La justice fédérale veut e effet des précisions sur cet accord signé entre Google Book et les professionnels américains de l'édition.
Dans ce cadre, le SNE a écrit au juge américain chargé de l'affaire pour expliquer son point de vue. Selon le syndicat français, si l'accord est effectivement validé, il -s'appliquera à l'ensemble des auteurs et éditeurs, y compris les auteurs et éditeurs non américains-, explique le SNE dans un communiqué envoyé à l'AFP.
L'organisation de l'édition française, qui regroupe pas moins de 500 maisons d'édition, soit -plus de 80%- du marché français, précise que cet accord -n'est pas conforme au droit de la propriété littéraire et artistique- et ne jette pas -les bases d'un partenariat équitable et équilibré-.
Les autorités anti-trust américaines doivent rendre leur avis le 7 octobre prochain. De son côté, Bruxelles s'intéresse vivement à cet accord proposé par Google Books. Fin juillet, la Commission européenne a décidé qu'elle allait procéder à l'audition de professionnels du livre (auteurs, éditeurs, ayants droit) pour -déterminer le périmètre- de ce partenariat. Pour autant, cette demande d'informations complémentaires ne signifie pas que Bruxelles ouvre officiellement une enquête à ce sujet.
Gmail en panne : Google fait son mea culpa
* Publié par Ariane Beky le Mercredi 2 Septembre 2009
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Gmail
La rançon du succès ? Gmail, service en ligne de messagerie proposé par Google, a enregistré mardi sa troisième interruption de service de l'année. Près de deux heures durant, hier soir vers 22 heures en France, il était impossible à - la majorité des utilisateurs - d'accéder à Gmail. Les serveurs de la société internet américaine auraient été débordés par une charge de trafic mal digérée. Vice-président responsable de l'ingénierie chez Google, Ben Treynor, a déclaré hier dans un billet :
- Je vous présente à tous nos excuses. La panne (du 1er septembre) a été un gros problème (...) Voilà ce qui s'est passé : (hier) matin (heure du Pacfifique) nous avons mis hors ligne une petite partie des serveurs Gmail pour réaliser une maintenance de routine. En soi, ça n'est pas un problème, nous le faisons tout le temps (...) Cependant, nous le savons maintenant, nous avons un peu sous-estimé la charge associée à certaines modifications récentes sur les routeurs qui gèrent le trafic Gmail - ironie du sort, certaines ont été conçues pour améliorer la disponibilité du service. -
Google a réglé le problème en redirigeant le trafic sur le reste de son réseau. A quand la prochaine panne ?
F.Mitterrand prudent sur le dossier BnF / Google
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En poste depuis tout juste quelques semaines, le nouveau ministre de la culture, Monsieur Frédéric Mitterrand, a décidé d'être prudent sur la question de l'éventuelle participation de Google au programme de numérisation de la Bibliothèque Nationale de France.
"Il est tout à fait normal que la Bibliothèque ait des échanges avec des entreprises engagées dans la numérisation telles que Google." estime Bruno Racine, actuel président de la BnF. "Confier à Google la responsabilité du choix des livres, la maîtrise planétaire de leur forme numérisée et la quasi-exclusivité de leur indexation sur la Toile, le tout étant au service, direct ou indirect, de ses seuls gains d'entreprise, voilà bien qui n'était pas supportable" juge pour sa part Jean-Noël Jeanneney, ancien président de cette même BnF.
Entre ces deux avis, Frédéric Mitterrand cherche la voie médiane. "il ne faut pas numériser tout, tout de suite (..) La numérisation du patrimoine de la Bibliothèque nationale est un sujet bien trop important pour qu'on le laisse s'envenimer par des controverses" a expliqué le Ministre dans les colonnes du quotidien LeMonde.
A l'instar de Nathalie Koscisko-Morizet, secrétaire d'état à l'économie numérique, Frédéric Mitterrand laisse toutefois entendre que la France pourrait augmenter ses investissements dans la numérisation du patrimoine, estimés à 5 millions d'euros par an, notamment dans le cadre du nouvel emprunt national, piloté par Alain Juppé et Michel Rocard.
Il faut dire que la France et l'Europe ont été pris de vitesse par Google. Face aux 10 millions d'ouvrages déjà numérisés par le moteur américain, Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF n'en oppose que 830 000 contre un peu plus de 4,6 millions de documents (textes et images) pour Europeana, la bibliothèque numérique européenne.
Reste désormais à savoir si les pays du vieux continent, fiers de leur patrimoine, se donneront les moyens de le numériser et d'en assurer la valorisation. Une question qui renvoie à d'autres projets comme Quaero, déjà lancé en réaction à l'hégémonie de Google.
- Aujourd'hui, tout fait mémoire -
Emmanuel Hoog, directeur de l'Institut national de l'audiovisuel, s'interroge sur l'exclusivité visée par Google en matière de numérisation d'ouvrages.
par Edouard Launet
tags : livre , google
- sur le même sujet
Lyon transfère son fonds
La bibliothèque municipale a passé un accord avec Google en 2008.
Le glouton élargit sa - mission -
Google numérise tous azimuts et cherche à se poser, d'ici quelques années, en premier libraire de la Toile.
Numérisation  : Google pousse à l'index
Le moteur de recherche américain est en situation de quasi-monopole pour numériser les fonds des bibliothèques.
Emmanuel Hoog est président de l'INA (Institut national de l'audiovisuel) et auteur d'un essai - Mémoire année zéro, au Seuil - à paraître le 10 septembre.
Peut-on, doit-on se passer de Google  ?
Faire migrer les savoirs inventés dans le monde de l'analogique vers celui du numérique est nécessaire pour des raisons de survie et d'accès. Le problème est aujourd'hui économique. A juste titre, une entreprise privée comme Google demandera des contreparties, voudra maximiser ses profits. Pour cela, il lui faudra le maximum de contenus exclusifs pour générer le maximum de trafic et les liens commerciaux qui vont avec. Cette exclusivité est-elle acceptable  ? A quelles conditions  ? Par ailleurs, l'accès à des collections publiques est-elle compatible avec de telles demandes  ?
Vous alertez sur un chamboulement des repères dû au passage au numérique…
Nos sociétés traversent une crise identitaire majeure. Les souvenirs, puis la mémoire et enfin l'histoire offraient jusqu'à récemment un continuum de sens, générateur de repères permettant à chacun de se situer au sein d'une communauté. Aujourd'hui, le numérique nous a tous transformés en producteurs de mémoire. Et Internet en diffuseurs prolixes de celle-ci.
Désormais, chaque communauté revendique le droit d'écrire sa propre histoire et de la faire connaître à une très grande échelle. Le récent débat sur les lois mémorielles témoigne de ce bouleversement. Sur Internet, l'accès à l'histoire se fait à travers les moteurs de recherche. Les critères de sélection des réponses sont-ils transparents  ? Non. Il est urgent d'organiser de grandes universités numériques où les critères d'accès au savoir seront fondés sur une logique de service public.
Vous prévoyez une - bulle mémorielle -  ?
La crise identitaire suscite une demande excessive de mémoire par rapport à l'offre. Tout fait mémoire. Le culte du passé est devenu une véritable religion laïque. A l'instar de la monnaie, la mauvaise chasse la bonne, et les institutions patrimoniales (musées, bibliothèques…) et académiques peinent à satisfaire ce besoin de repères. Le risque d'implosion ou d'explosion est réel. Il peut conduire paradoxalement à une déculturation massive. A quoi sert d'apprendre, donc de mémoriser, si la machine se souvient de tout  ? A quoi sert de hiérarchiser nos savoirs puisque les savoirs ne valent que par le rang de classement que leur donne un moteur de recherche  ?
Quel impact cette course à la numérisation peut-elle avoir sur notre mémoire collective  ?
Nos sociétés peuvent-elles encore générer du collectif  ? La réponse dépasse le seul domaine d'Internet. Mais cet outil de démocratisation de l'accès au savoir cultive avant tout l'individualisme, et les sites communautaires l'esprit grégaire. A bien des égards, cet espace mérite d'être organisé, urbanisé, cultivé et régulé. A cette condition, peut-être, il pourra être lui aussi un lieu de mémoire, où la collectivité nationale pourra s'identifier, où un nouveau chapitre du roman national pourra s'écrire. Aujourd'hui, les moteurs et les pirates ont pris de l'avance sur les Etats. Rien n'est irréversible.
Mise au point de la BnF sur sa participation à Google Books
* Publié par Jérôme Bouteiller le Lundi 31 Août 2009
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BnF Gallica
La polémique sur une éventuelle participation de Google au programme de numérisation de la Bibliothèque Nationale de France ne retombe pas.
En fin de semaine dernière, l'ancien président de la Bibliothèque nationale de France Jean-Noël Jeanneney a jugé "dérisoire" l'argument financier avancé par l'institution: "Confier à Google la responsabilité du choix des livres, la maîtrise planétaire de leur forme numérisée et la quasi-exclusivité de leur indexation sur la Toile, le tout étant au service, direct ou indirect, de ses seuls gains d'entreprise, voilà bien qui n'était pas supportable", écrit-il dans une tribune pour le journal Le Figaro.
Après la mise au point de Nathalie Kosciosko-Morizet, secrétaire d'état à l'économie numérique, qui jugeait dans nos colonnes "tout à fait normal" ce type de collaboration, c'est au tour de Bruno Racine, actuel président de la BnF, de sortir de sa réserve pour adopter une position similaire
"Il est tout à fait normal que la Bibliothèque ait des échanges avec des entreprises engagées dans la numérisation telles que Google. Aucune décision n'est prise à ce stade quant à une coopération éventuelle. Les options envisageables font l'objet d'une réflexion commune entre la Bibliothèque nationale de France et le Ministère de la Culture et de la Communication. Cette réflexion intègre pleinement la question capitale du respect du droit d'auteur. La BnF n'entend pas entrer dans des polémiques, surtout quand elles prennent un tour personnel." commente Bruno Racine.
Un débat qui prend en tout cas une tournure très politique et qu'aura sans doute à trancher Frédéric Mitterrand, nouveau ministre de la culture.
Lyon transfère son fonds:
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En ce moment, dans la périphérie de Lyon, s'achève le chantier des nouveaux locaux de Google. C'est dans cet endroit tenu secret que seront numérisés, dans les six ans à venir, les 500 000 documents (sur les 3,7 millions de son fonds) que la bibliothèque municipale de Lyon a confiés à la firme américaine. -Nous avons inscrit dans le cahier des charges que leurs locaux devaient se trouver dans un lieu à moins de 50 kilomètres de Lyon, dit Patrick Bazin, directeur de la bibliothèque, pour limiter les risques liés au transport des livres et afin de pouvoir faire des contrôles inopinés d'un coup de voiture.-
A la main. L'accord qui unit Google à la bibliothèque de Lyon a été signé en juillet 2008. -A notre initiative, précise Patrick Bazin. Nous avons lancé un appel d'offres en novembre 2006 pour numériser une partie de nos collections et, sur les 52 dossiers retirés, Google a été le seul finalement à déposer sa candidature.- Il faut dire que les termes de l'appel d'offres précisaient que le travail, extrêmement délicat puisque tous les ouvrages sont scannés à la main, ne devrait rien coûter à la bibliothèque de Lyon. Charge au prestataire, en l'occurrence Google, de trouver le moyen de gagner de l'argent dans l'opération.
Toujours selon les termes du cahier des charges, le moteur de recherche s'est engagé à transformer en fichiers numériques une importante partie des documents de la deuxième bibliothèque de France, après la BNF. Ces fichiers seront consultables gratuitement, sur le moteur de recherche et sur le site de la bibliothèque, où ils pourront même être téléchargés à raison d'un document à la fois. -Ce sont les termes du contrat, reprend Bazin, ils effectuent les travaux de numérisation et ils font la mise en ligne sur notre site afin que nous puissions réaliser notre propre bibliothèque numérique.-
Garantie. Seule contrainte, la bibliothèque s'est engagée à ne pas vendre les fichiers, par exemple à un autre moteur de recherche, au cours des quinze ans qui suivront leur mise en ligne. Dernier point, la mise en ligne de ces ouvrages sur le site de la bibliothèque garantit, à long terme, son accès gratuit. -Même si nous ajoutons, dans l'avenir, des contenus à valeur ajoutée.-
Cet accord semble parfaitement satisfaire Patrick Bazin. -Dans les années 90, l'accès à la connaissance a commencé à intéresser la sphère économique, ce qui n'était pas le cas auparavant. On s'est rendu compte que la révolution numérique allait s'accompagner de changements d'échelles et de hiérarchies dans le partage des savoirs, mais aussi que cette implication de l'économie allait en permettre son développement. C'est ce qui se passe en ce moment. Et il n'y a pas de temps à perdre. Il faut que toutes les bibliothèques numérisent leurs collections.-
Numérisation BNF : Jean-Noël Jeanneney dénonce les discussions avec Google
(AFP) - Il y a 22 heures
PARIS — L'ancien président de la Bibliothèque nationale de France Jean-Noël Jeanneney juge "dérisoire" l'argument financier avancé pour justifier les discussions en cours avec le moteur de recherche américain Google pour la numérisation des fonds de la BNF.
Confier à Google "la responsabilité du choix des livres, la maîtrise planétaire de leur forme numérisée et la quasi-exclusivité de leur indexation sur la Toile, le tout étant au service, direct ou indirect, de ses seuls gains d'entreprise, voilà bien qui n'était pas supportable", écrit-il dans Le Figaro de mercredi.
Après l'annonce en 2005 du projet Google de numérisation massive d'ouvrages conservés notamment dans de prestigieuses bibliothèques internationales, Jean-Noël Jeanneney avait appelé à une contre-offensive européenne.
Le 18 août, le directeur général adjoint de la BNF Denis Bruckmann a annoncé dans le quotidien économique La Tribune que des "négociations" en cours sur le sujet avec Google "pourraient aboutir d'ici à quelques mois". Un changement de cap dû notamment au coût élevé de la numérisation des ouvrages.
"Quand bien même la somme indispensable serait de quelques dizaines de millions d'euros sur quelques années ?", écrit Jean-Noël Jeanneney, selon qui "par rapport à d'autres dépenses celle-ci mérite que la nation la consente".
L'ancien président de la BNF estime toutefois que "rien n'est joué" et rappelle que le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, s'est "hâté de faire savoir qu'il gardait les mains libres".
Dans un communiqué, le ministre a souligné le 19 août qu'"aucune option ne saurait être privilégiée en l'état actuel des réflexions en cours" et réaffirmé sa volonté "d'inscrire la numérisation du patrimoine culturel de l'Etat dans une stratégie globale".
La colère de Jeanneney contre l'accord Google-BnF
La colère est contenue car l'homme est la courtoisie même, mais elle est bien là. Comment Jean-Noël Jeanneney, historien du contemporain, ancien président de la Bibliothèque nationale de France (2002-2007), initiateur de Gallica et de la bibliothèque numérique Europeana et auteur du pamphlet Quand Google défie l'Europe traduit dans treize pays, aurait-il pu ne pas réagir devant la résignation de la BnF face à la volonté du numéro un mondial des moteurs de recherche de numériser son fonds afin de devenir également le numéro un mondial des libraires/bibliothèques en ligne ? Jeanneney a donc rédigé une réponse qui paraîtra demain dans les pages -Débats- du Figaro sous le titre -BnF et Google : l'insupportable tête à queue-. Il y dénonce notamment la situation de quasi-monopole dont va jouir cette seule entreprise dans le champ bien balisé de la diffusion en ligne de l'information, de la connaissance et du savoir
-Le moteur de recherche Google est une réussite universelle et il rend bien des services. Mais lui confier, et à lui seul, qui vit du profit de la publicité et est enraciné, en dépit de l'universalité de son propos, dans la culture américaine, la responsabilité du choix des livres, la maîtrise planétaire de leur forme numérisée, et la quasi-exclusivité de leur indexation sur la Toile, le tout étant au service, direct ou indirect, de ses seuls gains d'entreprise, voilà bien qui n'était pas supportable.-
La polémique étant désormais lancée, et l'urgence de l'heure n'autorisant plus les métaphores, il s'en prend également aux dirigeants de la Bnf, sans les nommer, notamment sur la question du budget de la numérisation, le chiffre de 50 millions d'euros ayant été lancé par le directeur des collections -pour numériser tous les livres de la Troisième République-. Or, rappelle Jeanneney, il n'a jamais été question d'exhaustivité mais au contraire de sélection dans le vrac, processus crucial et variable selon que l'on porte des lunettes européennes ou étatsuniennes, que l'on soit bibliographe ou non, comme l'avait justement pointé l'historien Robert Darnton, responsable des bibliothèques de l'université de Harvard.
On attend que notre nouveau ministre de la Culture s'engage sur ce dossier autrement que sur un plan purement technique. Il s'en faudrait de peu que l'affaire prenne un tour plus politique. L'air du temps pourrait favoriser une attitude de résistance plutôt que de résignation face à la politique du fait accompli et du qui-ne-dit-mot-consent de l'empire Google. Car il serait extravagant que les Français, premiers à monter en ligne dans cette affaire, abdiquent au moment même où des Américains (Microsoft, Yahoo, Amazon) montent un front commun pour s'opposer à la situation de monopole dont Google Books les/nous menace.